Grand Paris Express – l'urgence de remettre les pendules à l'heure !

Mise à jour : 2 juillet 2025

 

Dans le contexte des débats budgétaires actuels, le livre iconoclaste intitulé L'imposture du Grand Paris Express, un éléphant blanc qui trompe énormément, publié par Jacqueline Lorthiois, Jean-Pierre Orfeuil, Harm Smit et Jean Vivier, est d'une actualité brûlante.

CouvertureImpostureGPE

 

Voir aussi un aperçu du contenu de cet ouvrage, une synthèse signée des quatre auteurs et un recueil d'avis de lecteurs experts. Dans ce dernier, notons en particulier :

  • Les extraits publiés par la revue Mobilettre, qui nous a communiqué ce constat : « Beaucoup de réactions, très majoritairement positives, dont plusieurs soulagées que le débat soit ouvert - et pas cantonné aux réseaux fermés ».
  • Le billet publié par Xavier Capodano, patron de la librairie parisienne Le genre urbain, spécialisée dans l'urbanisme ; « leur constat est aussi accablant qu’implacable », écrit-il entre autres.

Le but primaire de ce livre est de sensibiliser des décideurs politiques et des médias, afin qu'ils renoncent à se rendre complices (ouvertement ou tacitement) du monumental gaspillage d'argent public en cours, des trucages utilisés pour arriver à cette fin et des effets nocifs des lignes de métro à travers champs. Le bon sens et le respect de l'intérêt général peuvent encore infléchir le cours des choses pour ce qui est des lignes pires qu'inutiles 17 Nord et 18 Ouest du Grand Paris Express (GPE). En effet, il n'est jamais trop tard pour arrêter un mauvais projet, même si sa réalisation est en cours, car il serait beaucoup plus coûteux de s'entêter à vouloir l'achever. En l'espèce, c'est ce qui ressort très clairement du rapport d'avril 2024 de la Cour des comptes sur la Société du Grand Paris (SGP) : les magistrats démontrent que l'abandon de la ligne 17 Nord n'est nullement tabou, puisqu'il ferait économiser 9,6 milliards d'euros en raison des frais financiers évités, alors que la SGP estime le coût de cette ligne à 2,6 milliards (investissement + exploitation) ; à noter qu'aux frais financiers il faut encore ajouter les frais d'exploitation. Pour la ligne 18 Ouest, l'équation est sans doute très similaire, mais la Cour ne l'a pas évaluée.

Habituellement, la communication de la SGP, relayée par les médias, escamote complètement les frais financiers (liés aux emprunts et refinancements d'emprunts), pour ne publier que les coûts de construction, qui pèsent moins lourds. Plus grave encore : ces frais ne sont pas pris en compte dans les évaluations socio-économiques (bilans chiffrés des coûts et des bénéfices) qui servent à justifier les projets. C'est le cas également pour le GPE dans son ensemble : d'habitudes le coût total affiché est de 36,1 milliards, alors que, dans le rapport précité, la Cour des comptes évalue les dépenses de la SGP à près de 83,9 milliards, frais financiers inclus (1).

CcTab8 DépensesSGP+commentaires

 

Or, même avec les chiffrages extravagants de la SGP (juge et partie, rappelons-le), les bénéfices de ce projet ne sont que de 69,4 milliards, comme le rappelle la Cour des comptes dans son rapport :

Cc Fig5 avantages&coûtsGPE

Le GPE est donc un projet largement déficitaire ; avec une évaluation impartiale, il n'aurait jamais pu être déclaré d'utilité publique ! Et ce bilan négatif va encore s'alourdir, entre autres avec les nouveaux retards annoncés très récemment pour la ligne 15 Sud (2). Si rien n'était fait, il ne faudrait pas s'étonner que l'ardoise finale atteigne voire dépasse les 100 milliards (3). Certes, les emprunts pour le GPE n'impactent pas encore notablement le budget de l'État, mais ils s'ajoutent à la dette publique. À une époque de fortes incertitudes politiques, où les pouvoirs publics grattent tous les fonds de tiroir pour faire face au « mur de la dette (4) » – qui fait grimper chaque année le montant des remboursements et des intérêts d'emprunts à payer et, partant, d'emprunter davantage, une spirale infernale (ou « effet boule de neige » dans la terminologie de la Cour) –, il serait irresponsable de poursuivre les travaux du GPE comme si de rien n'était ; un moratoire sur les lignes de métro « à la campagne » s'impose plus que jamais ! Cela d'autant plus que la ligne 18 est contre-productive car elle diminue les chances de réussite du cluster Paris-Saclay en y favorisant l'émergence d'une « ville dissociée » : ceux qui y habitent travaillent ailleurs et ceux qui y travaillent habitent ailleurs. En outre, elle diluerait l'autonomie exemplaire du bassin Versailles/Saint-Quentin, avantage dont les élus du secteur ne semblent pas se rendre compte.

Dans ce très sombre contexte financier qui n'est pas près de s'éclaircir, il est encore plus irresponsable de proposer des extensions en tous genres du GPE. Outrecuidance suprême en la matière : le chimérique projet de ligne 19 (Nanterre-Roissy CDG en passant par le Triangle de Gonesse), au prétexte que « le département du Val d'Oise est le grand oublié du Grand Paris »...

 

NB S'inscrivant dans l'actualité, le commentaire ci-dessus est focalisé sur le contexte financier de ce projet d'un autre âge. Bien entendu, le livre traite de bien d'autres défauts, qu'il s'agisse de son manque de pertinence en matière d'offre de transports, de son impact environnemental ou encore, et surtout, de sa doctrine contre-productive sur le plan de l'aménagement du territoire.

(1) Notons que le poste 'Interventions' couvre des dépenses non liées au GPE, notamment les contributions de la SGP au projet EOLE (RER E). 

(2) Dans sa note Mobitelex n° 329 de janvier 2024, le journaliste des transports Gilles Dansart avait annoncé, sur la base d'informations recueillies sur le chantier : « Grand Paris Express : la ligne 15 Sud ne sera pas en service en 2025 ». Il évoquait 1 an de retard pour la mise en service de cette ligne, s'attirant alors les foudres de la SGP, mais celle-ci a fini par avouer, le 28 novembre 2024, un retard de 6 mois. Le 18 février 2025, la SGP a reconnu de nouveaux retards pour les travaux des lignes 15 Sud, 16 et 17, confirmant ainsi le pronostic de Gilles Dansart…
Cette annonce a provoqué l'ire de Valérie Pécresse, présidente d'Île-de-France Mobilités, qui dénonce la dissimulation d'informations et le manque de transparence de la SGP, qu'elle semble découvrir…
La SGP prétend qu'« aucun surcoût n'est attendu pour ce projet colossal de 8 milliards d'euros » (la ligne 15 Sud). C'est évidemment faux, tout retard engendrant un surcroît de frais financiers, catégorie de dépenses que la SGP a pour habitude d'escamoter… Nous comptons sur la Cour des comptes pour renouer avec le réel en actualisant son chiffrage ! Peu à peu, on va se rapprocher des 100 milliards...

(3) Ce ne devrait étonner quiconque ayant lu le premier rapport de la Cour des comptes sur la SGP, publié en janvier 2018, que tout le monde semble avoir oublié ou fait semblant d'avoir oublié. Ce rapport avait déjà posé le problème des lignes 18 et 17 (avant l'abandon d'EuropaCity et du terminal T4 !) et préconisé leur abandon. La ministre des Transports de l'époque, Elisabeth Borne, était prête à suivre cet avis, mais le gouvernement d'Édouard Philippe – en accord avec le Président de la République, Emmanuel Macron – s'était incliné devant la bronca des élus locaux, orchestrée par la présidente de la Région, Valérie Pécresse, qui considéraient comme un dû les gares de métro promises par Christian Blanc, puis par la SGP. Nous cueillons aujourd'hui les fruits amers de ce manque de courage et de cet arbitrage irresponsable.

(4) La hauteur de ce mur augmente à une vitesse vertigineuse : selon l'horloge de la dette publique française, cette dernière augmente actuellement de près d'un milliard tous les deux jours !
 

Diffusion du livre

Au-delà du public politique et médiatique, l'ouvrage est mis en vente à destination du grand public, au tarif de 12 € dans les points de vente suivants :

  • Librairie Le genre urbain, 60 rue de Belleville, 75020 Paris, tél. 01 44 62 27 49
  • Librairie Utopia, 1 rue Frédéric Sauton, Paris, 75005 Paris, tél. 09 85 15 71 91
  • Librairie La fontaine aux livres, 4, rue Voltaire, 91120 Palaiseau, tél. 01 69 41 82 99
  • Librairie Liragif, 15 square de la mairie, 91190 Gif-sur-Yvette, tél. 01 69 07 78 04
  • Le Fournil Vandame, 1 place de la mairie, 91190 Villiers le Bâcle, tél. 01 69 41 49 96

 

Par ailleurs, on peut le commander en ligne en remplissant et acheminant le bon de commande disponible sur notre site ; dès réception du virement bancaire le livre sera expédié vers l'acheteur. Dans ce cas, le prix est de 16 €, incluant une participation aux frais de port.

L'ouvrage est aussi vendu en ligne par la FNAC.