Grand Paris
Rencontre-débat sur le Grand Paris Express
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Les transports en Île-de-France : que devrions-nous savoir sur le Grand Paris Express ?
Samedi 24 mai, , de 14 h à 17 h
Bourse du Travail, 67 rue Turbigo à Paris 3e, salle Léon Jouhaux
Organisée en hommage à notre amie Jacqueline Lorthiois et son travail de recherche et d’expertise. Géographe-urbaniste, socio-économiste, Jacqueline est décédée le 31 décembre 2024. C'était une personne emblématique, qui a beaucoup compté pour le Collectif pour le Triangle de Gonesse (CPTG), dont elle était cofondatrice, dans la lutte contre l'artificialisation des terres du Triangle de Gonesse et la ligne 17 Nord du Grand Paris Express. Plus généralement, elle avait une connaissance encyclopédique de l'Île-de-France, dont elle a analysé, en collaboration avec l'économiste Jean-Louis Husson, de très nombreux territoires, y compris le plateau de Saclay.
La rencontre-débat s'articule autour du livre collectif L'imposture du Grand Paris Express : un éléphant blanc qui trompe énormément paru fin 2024, que Jacqueline a coécrit avec Jean-Pierre Orfeuil, Harm Smit et Jean Vivier.
Elle sera organisée autour d'une table ronde avec les coauteurs du livre et deux invités – Marc Pélissier, président de l'Association des usagers des transports d'Île-de-France (AUT IdF) et Pascal Bertolini, conseiller départemental du Val d'Oise –, suivie d'un échange avec la salle.
Un dessinateur sera présent pour capter graphiquement les échanges, puis en proposer une restitution.
Une vente du livre aura lieu en fin de rencontre autour d’un pot de l’amitié.
Entrée libre !
Grand Paris Express, l'erreur du siècle
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Comme suite à l'annonce par la Société du Grand Paris (SGP, rebaptisée Société des grands projets fin 2023) d'un énième retard, de plus d'un an, de la mise en service de la ligne 15 Sud du Grand Paris Express (GPE), Valérie Pécresse, présidente du Conseil régional d'Île-de-France et d'Île-de-France Mobilités, a invité Jean-François Monteils, président du directoire de la SGP, à venir s'expliquer, le 26 mars 2025, en répondant aux questions des divers groupes politiques de la Région.
Le document Grand Paris Express : halte à l'illusionnisme !, reproduit succinctement ces questions, puis in extenso les réponses de M. Monteils, assorties des commentaires des auteurs.
Points clés :
- M. Monteils reconnaît que le coût complet du GPE sera beaucoup plus important (80 Md€ selon la Cour des comptes) que celui affiché par la SGP (36 Md€), mais la SGP n'en tient pas compte. Or, depuis l'évaluation de la Cour des comptes de début 2024, la question n'est plus de savoir si le bilan socio-économique du GPE (bénéfices diminués des coûts) sera positif ou négatif, elle est de savoir de combien il sera dans le rouge. In fine, ce déficit pourrait avoisiner les 70 Md€. Corollaire : avec une évaluation impartiale, le GPE n'aurait jamais pu être déclaré d'utilité publique.
- M. Monteils fait croire que les évaluations socio-économiques de la SGP, juge et partie, passent par suffisamment de filtres pour être irréprochables. Il est démontré que cette affirmation est fausse et que ce sont des manipulations et calculs truqués qui ont fait miraculeusement exploser les bilans des lignes les moins pertinentes et non des prétendus flux de déplacements insoupçonnés.
- La vision de la SGP concernant le rôle des gares du GPE dans l'aménagement du territoire est surréaliste.
- Pour justifier la ligne 17 Nord, M. Monteils reproduit le chiffre mensonger de la SGP concernant la fréquentation de la ligne 17, supérieur d'un facteur de 10 à l'évaluation minutieuse de sa clientèle par notre regrettée amie Jacqueline Lorthiois.
L'actuel gouvernement, comme le précédent, racle désespérément les fonds de tiroir pour le prochain budget de l’État. Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, a récemment déclaré que « la France est au bord de l’effet boule de neige sur la charge de la dette » : de nouveaux emprunts, qui continuent d'alourdir la dette, servent à financer les intérêts de l’ancienne dette plutôt que les dépenses publiques. Comme Jean-Marc Jancovici en 2012, nous estimons que les lignes de métro « au milieu de la pampa » gaspillent l'argent public que nous n'avons pas – et même si on en avait un peu, on ne pourrait le dépenser deux fois. Or, comme les experts du transport ne cessent de le répéter, l'état du réseau existant se dégrade d'année en année, souffrant d'un sous-investissement chronique. Par conséquent, quitte à contracter des emprunts à long terme, la priorité absolue est qu'ils servent à remettre en état le réseau actuel au lieu de les dilapider dans des lignes de prestige inutiles sinon nocives. Autrement dit, il y a lieu de réaffecter une partie des emprunts de la SGP à la régénération des infrastructures et matériels roulants existants.
Note
Le titre de cet article s'inspire de celui d'une tribune dans Le Rail de mai 2012 : Le Grand Paris Express, erreur du siècle ?, écrite par Pierre Merlin, professeur émérite à la Sorbonne et ancien directeur de l'IAURIF (ancêtre de l'IPR). Cinq ans plus tard, il a publié un article dans Le Monde sous le même titre, sauf qu'il a retiré le point d'interrogation.
Grand Paris Express – l'urgence de remettre les pendules à l'heure !
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Mise à jour : 2 juillet 2025
Dans le contexte des débats budgétaires actuels, le livre iconoclaste intitulé L'imposture du Grand Paris Express, un éléphant blanc qui trompe énormément, publié par Jacqueline Lorthiois, Jean-Pierre Orfeuil, Harm Smit et Jean Vivier, est d'une actualité brûlante.
Voir aussi un aperçu du contenu de cet ouvrage, une synthèse signée des quatre auteurs et un recueil d'avis de lecteurs experts. Dans ce dernier, notons en particulier :
- Les extraits publiés par la revue Mobilettre, qui nous a communiqué ce constat : « Beaucoup de réactions, très majoritairement positives, dont plusieurs soulagées que le débat soit ouvert - et pas cantonné aux réseaux fermés ».
- Le billet publié par Xavier Capodano, patron de la librairie parisienne Le genre urbain, spécialisée dans l'urbanisme ; « leur constat est aussi accablant qu’implacable », écrit-il entre autres.
Le but primaire de ce livre est de sensibiliser des décideurs politiques et des médias, afin qu'ils renoncent à se rendre complices (ouvertement ou tacitement) du monumental gaspillage d'argent public en cours, des trucages utilisés pour arriver à cette fin et des effets nocifs des lignes de métro à travers champs. Le bon sens et le respect de l'intérêt général peuvent encore infléchir le cours des choses pour ce qui est des lignes pires qu'inutiles 17 Nord et 18 Ouest du Grand Paris Express (GPE). En effet, il n'est jamais trop tard pour arrêter un mauvais projet, même si sa réalisation est en cours, car il serait beaucoup plus coûteux de s'entêter à vouloir l'achever. En l'espèce, c'est ce qui ressort très clairement du rapport d'avril 2024 de la Cour des comptes sur la Société du Grand Paris (SGP) : les magistrats démontrent que l'abandon de la ligne 17 Nord n'est nullement tabou, puisqu'il ferait économiser 9,6 milliards d'euros en raison des frais financiers évités, alors que la SGP estime le coût de cette ligne à 2,6 milliards (investissement + exploitation) ; à noter qu'aux frais financiers il faut encore ajouter les frais d'exploitation. Pour la ligne 18 Ouest, l'équation est sans doute très similaire, mais la Cour ne l'a pas évaluée.
Habituellement, la communication de la SGP, relayée par les médias, escamote complètement les frais financiers (liés aux emprunts et refinancements d'emprunts), pour ne publier que les coûts de construction, qui pèsent moins lourds. Plus grave encore : ces frais ne sont pas pris en compte dans les évaluations socio-économiques (bilans chiffrés des coûts et des bénéfices) qui servent à justifier les projets. C'est le cas également pour le GPE dans son ensemble : d'habitudes le coût total affiché est de 36,1 milliards, alors que, dans le rapport précité, la Cour des comptes évalue les dépenses de la SGP à près de 83,9 milliards, frais financiers inclus (1).
Or, même avec les chiffrages extravagants de la SGP (juge et partie, rappelons-le), les bénéfices de ce projet ne sont que de 69,4 milliards, comme le rappelle la Cour des comptes dans son rapport :
Le GPE est donc un projet largement déficitaire ; avec une évaluation impartiale, il n'aurait jamais pu être déclaré d'utilité publique ! Et ce bilan négatif va encore s'alourdir, entre autres avec les nouveaux retards annoncés très récemment pour la ligne 15 Sud (2). Si rien n'était fait, il ne faudrait pas s'étonner que l'ardoise finale atteigne voire dépasse les 100 milliards (3). Certes, les emprunts pour le GPE n'impactent pas encore notablement le budget de l'État, mais ils s'ajoutent à la dette publique. À une époque de fortes incertitudes politiques, où les pouvoirs publics grattent tous les fonds de tiroir pour faire face au « mur de la dette (4) » – qui fait grimper chaque année le montant des remboursements et des intérêts d'emprunts à payer et, partant, d'emprunter davantage, une spirale infernale (ou « effet boule de neige » dans la terminologie de la Cour) –, il serait irresponsable de poursuivre les travaux du GPE comme si de rien n'était ; un moratoire sur les lignes de métro « à la campagne » s'impose plus que jamais ! Cela d'autant plus que la ligne 18 est contre-productive car elle diminue les chances de réussite du cluster Paris-Saclay en y favorisant l'émergence d'une « ville dissociée » : ceux qui y habitent travaillent ailleurs et ceux qui y travaillent habitent ailleurs. En outre, elle diluerait l'autonomie exemplaire du bassin Versailles/Saint-Quentin, avantage dont les élus du secteur ne semblent pas se rendre compte.
Dans ce très sombre contexte financier qui n'est pas près de s'éclaircir, il est encore plus irresponsable de proposer des extensions en tous genres du GPE. Outrecuidance suprême en la matière : le chimérique projet de ligne 19 (Nanterre-Roissy CDG en passant par le Triangle de Gonesse), au prétexte que « le département du Val d'Oise est le grand oublié du Grand Paris »...
NB S'inscrivant dans l'actualité, le commentaire ci-dessus est focalisé sur le contexte financier de ce projet d'un autre âge. Bien entendu, le livre traite de bien d'autres défauts, qu'il s'agisse de son manque de pertinence en matière d'offre de transports, de son impact environnemental ou encore, et surtout, de sa doctrine contre-productive sur le plan de l'aménagement du territoire.
(1) Notons que le poste 'Interventions' couvre des dépenses non liées au GPE, notamment les contributions de la SGP au projet EOLE (RER E).
(2) Dans sa note Mobitelex n° 329 de janvier 2024, le journaliste des transports Gilles Dansart avait annoncé, sur la base d'informations recueillies sur le chantier : « Grand Paris Express : la ligne 15 Sud ne sera pas en service en 2025 ». Il évoquait 1 an de retard pour la mise en service de cette ligne, s'attirant alors les foudres de la SGP, mais celle-ci a fini par avouer, le 28 novembre 2024, un retard de 6 mois. Le 18 février 2025, la SGP a reconnu de nouveaux retards pour les travaux des lignes 15 Sud, 16 et 17, confirmant ainsi le pronostic de Gilles Dansart…
Cette annonce a provoqué l'ire de Valérie Pécresse, présidente d'Île-de-France Mobilités, qui dénonce la dissimulation d'informations et le manque de transparence de la SGP, qu'elle semble découvrir…
La SGP prétend qu'« aucun surcoût n'est attendu pour ce projet colossal de 8 milliards d'euros » (la ligne 15 Sud). C'est évidemment faux, tout retard engendrant un surcroît de frais financiers, catégorie de dépenses que la SGP a pour habitude d'escamoter… Nous comptons sur la Cour des comptes pour renouer avec le réel en actualisant son chiffrage ! Peu à peu, on va se rapprocher des 100 milliards...
(3) Ce ne devrait étonner quiconque ayant lu le premier rapport de la Cour des comptes sur la SGP, publié en janvier 2018, que tout le monde semble avoir oublié ou fait semblant d'avoir oublié. Ce rapport avait déjà posé le problème des lignes 18 et 17 (avant l'abandon d'EuropaCity et du terminal T4 !) et préconisé leur abandon. La ministre des Transports de l'époque, Elisabeth Borne, était prête à suivre cet avis, mais le gouvernement d'Édouard Philippe – en accord avec le Président de la République, Emmanuel Macron – s'était incliné devant la bronca des élus locaux, orchestrée par la présidente de la Région, Valérie Pécresse, qui considéraient comme un dû les gares de métro promises par Christian Blanc, puis par la SGP. Nous cueillons aujourd'hui les fruits amers de ce manque de courage et de cet arbitrage irresponsable.
(4) La hauteur de ce mur augmente à une vitesse vertigineuse : selon l'horloge de la dette publique française, cette dernière augmente actuellement de près d'un milliard tous les deux jours !
Diffusion du livre
Au-delà du public politique et médiatique, l'ouvrage est mis en vente à destination du grand public, au tarif de 12 € dans les points de vente suivants :
- Librairie Le genre urbain, 60 rue de Belleville, 75020 Paris, tél. 01 44 62 27 49
- Librairie Utopia, 1 rue Frédéric Sauton, Paris, 75005 Paris, tél. 09 85 15 71 91
- Librairie La fontaine aux livres, 4, rue Voltaire, 91120 Palaiseau, tél. 01 69 41 82 99
- Librairie Liragif, 15 square de la mairie, 91190 Gif-sur-Yvette, tél. 01 69 07 78 04
- Le Fournil Vandame, 1 place de la mairie, 91190 Villiers le Bâcle, tél. 01 69 41 49 96
Par ailleurs, on peut le commander en ligne en remplissant et acheminant le bon de commande disponible sur notre site ; dès réception du virement bancaire le livre sera expédié vers l'acheteur. Dans ce cas, le prix est de 16 €, incluant une participation aux frais de port.
L'ouvrage est aussi vendu en ligne par la FNAC.
Retour sur le rejet par le Conseil d'État du deuxième recours associatif contre la ligne 18
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En mars 2021, un groupe de huit associations ou unions d'associations, sous la houlette de Franc Nature Environnement Île-de-France (FNE IdF) a déposé un recours en Conseil d'État contre le décret qui avalisait le dossier soumis à enquête publique en juin-juillet 2020, modifiant .le décret initial de déclaration d'utilité publique de la ligne 18 publié en mars 2017. Les juges du Conseil d'État ont rejeté ce recours le 22 juin 2022, s'inspirant des conclusions du rapporteur public que ce dernier avait présentées le 25 mai 2022.
Le rapporteur public garde la propriété exclusive de ses conclusions. Il n'est pas obligé de les rendre publiques (ni même de les produire sous forme écrite) et s'il le fait, il peut les monnayer auprès de revues juridiques. Il arrive souvent que les partis concernés n'en prennent connaissance que longtemps après le jugement. C'est ce qui est arrivé dans le cas présent, où FNE IdF n'a obtenu une copie de ces conclusions que très tardivement, sans d'ailleurs avoir le droit de les publier sans l'accord écrit de leur auteur. FNE IdF a toutefois le droit d'en citer des termes et c'est ce qu'elle a fait dans un communiqué de presse, publié le 21 novembre 2021, qui renvoie vers un dossier de presse, présentant une analyse détaillée des prises de position du Conseil d'État dans cette affaire.
La teneur de ce dossier est extrêmement critique à l'égard des conclusions du rapporteur public, dont l'argumentation « donne l'impression d’avoir été construite pour arriver au verdict préconçu du rejet de notre requête », sans doute par crainte d'ouvrir une boîte de Pandore. FNE IdF dénonce le procédé consistant à « laisser entièrement dans l'ombre des pans entiers de notre recours, notamment celui des chiffrages truqués », ce qui renvoie aux manipulations des évaluations socio-économiques révélées dans une tribune dans L'Obs d'octobre 2022, ainsi qu'à une lettre ouverte récemment adressée à la Première ministre Elisabeth Borne. En effet, le rapporteur public a glissé sous le tapis la dénonciation de cette opération frauduleuse illustrée par le graphique ci-dessous.
Nous estimons qu'on ne peut en rester là et que le gouvernement ne peut se rendre complice de pareils trucages aux conséquences désastreuses. Nous demandons que soient faites des évaluations impartiales. Cela vaut également pour le bilan carbone des lignes 17 Nord et 18 Ouest, dont nous avons démontré qu'ils reposent sur hypothèses fausses de maîtrise de l'étalement urbain et de report modal substantiel de l'automobile vers les transports collectifs.
En attendant, le bon sens voudrait que le gouvernement déclare un moratoire sur ces lignes.